Je voudrais que tu grandisses vite pour te voir faire tes premiers pas et pouvoir marcher en te donnant la main dans la rue, toi sur la pointe des pieds et moi me baissant un peu, jusqu'à ce que tu sois fatiguée et que tu me tendes les bras, sans avoir besoin de dire un seul mot.
Je voudrais que tu grandisses vite pour aller au jardin, faire des pique-niques, monter sur la balançoire, faire du tourniquet à en avoir la tête qui tourne et en descendre en titubant, jouer à trap-trap, faire des châteaux de sable, sauter à pieds joints dessus, monter au toboggan à l’envers, oublier le seau et la pelle dans un coin, y retourner plus tard pour les chercher et en profiter pour jouer encore un peu, et le soir, te raconter encore une histoire avant de dormir et laisser ensuite la lumière du couloir allumée parce que tu as peur des monstres.
Je voudrais que tu grandisses vite pour t’emmener avec ta mère au cinéma et te lire tous les sous-titres à voix haute, gênant tous les voisins, même ta mère, alors qu’on attaquera un seau de pop-corn plein de beurre, en en laissant tomber la moitié par terre, et sortir de la séance avec mal dans le ventre d’avoir trop ri de ce film idiot, chercher un vendeur de hot-dog et le dévorer en marchant dans la rue, sans faire attention à la sauce qui dégouline et tache nos t-shirts.
Je voudrais que tu grandisses vite pour t’apprendre la table de 7, la conjugaison du verbe s’asseoir au plus-que-parfait, l’histoire des Beatles, la position de la planète Jupiter et l’importance de manger de la salade.
Je voudrais que tu grandisses vite pour qu’on aille à la plage faire une manche décisive du championnat mondial d’arbre droit dans l’eau, suivie du fameux concours de celui qui mange le plus de glaces à la fraise et, en arrivant à la maison, disputer la finale tant attendue du tournoi de jeu vidéo, toutes tes copines sautant frénétiquement et criant plus fort qu’un réacteur d’avion.
Je voudrais que tu grandisses vite pour faire semblant d’être méchant devant tous les garçons de la rue qui veulent t’embrasser parce que tu es une jolie jeune fille, comme les pères de celles dont j’étais amoureux, mais qui se sont révélés sympas et m’invitaient même parfois à rester pour le goûter.
Je voudrais que tu grandisses vite pour être ému, dans un mélange de joie et de nostalgie, quand tu quitteras la maison pour habiter dans un appartement de la taille d’une boite de sardines et que tu trouveras ça génial, si fière de ton indépendance, jusqu’au jour où l’évier commencera à fuir à trois heures du matin et que tu appelleras ton vieux père pour lui demander un petit coup de main pour un bricolage-urgent-totalement-imprévu.
Je voudrais que tu grandisses vite pour que tu découvres un jour qu’il n’y a pas de bonheur plus grand que d’avoir ses propres enfants et de les voir grandir, changer et évoluer, et ce jour-là c’est bien possible que je sois un grand-père émerveillé.
En y réfléchissant bien, ce que je veux vraiment c’est que tu grandisses doucement, pour profiter pleinement de tous ces moments et de bien d’autres à tes côtés, Louise, ma fille.
Je voudrais que tu grandisses vite pour aller au jardin, faire des pique-niques, monter sur la balançoire, faire du tourniquet à en avoir la tête qui tourne et en descendre en titubant, jouer à trap-trap, faire des châteaux de sable, sauter à pieds joints dessus, monter au toboggan à l’envers, oublier le seau et la pelle dans un coin, y retourner plus tard pour les chercher et en profiter pour jouer encore un peu, et le soir, te raconter encore une histoire avant de dormir et laisser ensuite la lumière du couloir allumée parce que tu as peur des monstres.
Je voudrais que tu grandisses vite pour t’emmener avec ta mère au cinéma et te lire tous les sous-titres à voix haute, gênant tous les voisins, même ta mère, alors qu’on attaquera un seau de pop-corn plein de beurre, en en laissant tomber la moitié par terre, et sortir de la séance avec mal dans le ventre d’avoir trop ri de ce film idiot, chercher un vendeur de hot-dog et le dévorer en marchant dans la rue, sans faire attention à la sauce qui dégouline et tache nos t-shirts.
Je voudrais que tu grandisses vite pour t’apprendre la table de 7, la conjugaison du verbe s’asseoir au plus-que-parfait, l’histoire des Beatles, la position de la planète Jupiter et l’importance de manger de la salade.
Je voudrais que tu grandisses vite pour qu’on aille à la plage faire une manche décisive du championnat mondial d’arbre droit dans l’eau, suivie du fameux concours de celui qui mange le plus de glaces à la fraise et, en arrivant à la maison, disputer la finale tant attendue du tournoi de jeu vidéo, toutes tes copines sautant frénétiquement et criant plus fort qu’un réacteur d’avion.
Je voudrais que tu grandisses vite pour faire semblant d’être méchant devant tous les garçons de la rue qui veulent t’embrasser parce que tu es une jolie jeune fille, comme les pères de celles dont j’étais amoureux, mais qui se sont révélés sympas et m’invitaient même parfois à rester pour le goûter.
Je voudrais que tu grandisses vite pour être ému, dans un mélange de joie et de nostalgie, quand tu quitteras la maison pour habiter dans un appartement de la taille d’une boite de sardines et que tu trouveras ça génial, si fière de ton indépendance, jusqu’au jour où l’évier commencera à fuir à trois heures du matin et que tu appelleras ton vieux père pour lui demander un petit coup de main pour un bricolage-urgent-totalement-imprévu.
Je voudrais que tu grandisses vite pour que tu découvres un jour qu’il n’y a pas de bonheur plus grand que d’avoir ses propres enfants et de les voir grandir, changer et évoluer, et ce jour-là c’est bien possible que je sois un grand-père émerveillé.
En y réfléchissant bien, ce que je veux vraiment c’est que tu grandisses doucement, pour profiter pleinement de tous ces moments et de bien d’autres à tes côtés, Louise, ma fille.