
J'étais déjà en France au moment du 2ème tour des élections présidentielles. Bien que Ségolène ne déchaîne pas les passions, la possibilité de voir Sarkozy accéder à la présidence a poussé les gens à descendre dans la rue. J'y suis allé aussi.
Un jour, j'ai reçu un tract annonçant une manifestation anti-Sarko, organisée par un groupe appelé "Act Up Paris". Je n'ai pas tout lu, mais le thème suffisait à me motiver. En fait, ce que je cherchais était sentir un peu l'ambiance de Mai 68.
Je suis arrivé au lieu prévu un peu avant l'heure. Il y avait quelques centaines de personnes et une grande banderole écrite "Des fleurs, des paillettes, Sarkozy à la retraite". Je n'ai pas du tout aimé le slogan. Qu'est-ce ces élections avaient à voir avec des fleurs et des paillettes?
Parallèlement, la place se remplissait. Les organisateurs se saluaient de petits bisous sur la bouche avant de pousser des cris hystériques au mégaphone, repris avec enthousiasme par les participants. J'ai trouvé cela un peu bizarre. "Mais ce sont les fils de 68, cela doit être normal", j'ai pensé.
La vérité, c'est que j'étais fasciné à l’idée de participer à un acte politique à Paris. J'imaginais que nous allions tous marcher jusqu'aux Champs-Élysées, à l’image de De Gaulle lors de la Libération après la défaite des Allemands à la fin de la 2ème Guerre Mondiale. Ma pensée était si loin...
Je me suis réveillé lorsqu'une fleur est apparue devant mon nez. J'ai mis du temps à comprendre qu'elle m’était destinée.
- C'est pour toi.
- Merci beaucoup. C'est gentil. Et j'ai souri, sans voir qui me l'avait offerte.
- De rien, a répondu une voix masculine. Au bout de la rose, un mélange de Michou et Che Guevara me faisait des clins d'oeil.
Mon cerveau a rapidement assemblé les pièces du puzzle pour arriver à une conclusion flagrante: j'étais dans une manifestation gay! C'est alors que j'ai remarqué les drapeaux violets, les hommes main dans la main, l’air rempli de paillettes et la grande distribution de roses.
J’y suis resté et ai montré toute mon indignation contre Sarkozy en applaudissant vivement tous les slogans alors que je n'en comprenais pas la moitié. J'ai quand même été un peu déçu de voir que nous n'allions pas parcourir les rues de Paris. Au lieu de 68, j'étais plus à même de voir des 69.
Au moins je suis rentré « fleuri » à la maison.