vendredi 30 mai 2008

Les amis, c'est les amis

- Allo.
- Qui est à l'appareil?
- Jacques Bodin.
- Jacques Bodin?
- Lui même.
- La crapule sans scrupules?
- Tu me manquais aussi.
- Comment diable as-tu l'arrogance de m'appeler?
- Du calme, tu n'es pas obligé de t'énerver comme ça.
- Pas obligé? Tu étais mon associé, doublé de mon meilleur ami jusqu'à ce que je sois obligé de passer une semaine à Lyon et de te demander de garder ma maison.
- Et alors, je l'ai gardée, non?
- Tellement bien qu'à la fin tu as pris la poudre d'escampette avec ma femme.
- C'est vrai que ça ne faisait pas partie du contrat, mais je ne suis pas le seul responsable.
- Tu es vraiment une canaille.
- Je sais. Mais je le regrette.
- Facile à dire, trois ans plus tard.
- Oh fan! déjà trois ans? le temps passe vite, hein?
- Finies les tergiversations. Qu'est ce que tu me veux?
- Te rendre Marie.
- Me la rendre?
- J'en veux plus.
- Je ne suis pas sûr de comprendre.
- Je la supporte plus.
- Trop tard, tu l'as prise, tu la gardes.
- Tu pourrais bien faire ça, au nom de note vieille amitié.
- Quelle amitié? Elle s'est volatilisée le jour où vous avez fui à Toulouse.
- Marie se plaint toute la journée.
- Ça, c'est pas nouveau.
- Elle râle si je ne prépare pas le dîner.
- Je connais la rengaine.
- Elle râle aussi quand je le prépare puisque ce n'est pas à son goût.
- Elle est encore comme ça?
- Je te raconte même pas.
- Elle grimace quand tu arrives en retard?
- Tu n'imagines même pas la scène.
- Si, si, j'imagine très bien pour l'avoir vécue quinze ans. Mais je n'ai aucune envie de discuter de ça avec toi, bandit.
- Oh, excuse-moi! Mais ma vie est devenue un tel enfer à ses côtés. J'ai même pas le droit de regarder le foot à la télé.
- Même pas le foot?
- Rien, elle monte tout de suite sur ses grands chevaux. Au mieux un feuilleton à l'eau de rose.
- Les séries c'est vraiment dur.
- Le pire c'est qu'elle adore les plus mièvres pleines de chichis.
- Elle change pas cette Marie.
- Pas un brin. Alors, tu la récupères?
- Pas moyen.
- Combien tu veux? Tu la récupères et en prime tu reçois un petit chèque.
- T'es fou ou quoi?
- Pas encore, mais je le deviens. Ma vie est un ...
- Je sais, je sais. Un véritable enfer.
- Et si on s'en débarrassait?
- Hein?
- En finir avec la morue. Qu'est ce que tu en penses?
- L'idée n'est pas mauvaise. Elle le mériterait même. Mais pas tant que toi, truand.
- On réglera nos comptes plus tard. Commençons par nous occuper de la mégère.
- Et tu penses à quoi?
- Sectionner les freins de sa voiture. On fera passer ça pour un accident.
- Impossible. C'est du déjà vu. Et si on mettait du poison dans son verre? J'imagine qu'elle boit toujours autant de vin rouge.
- Oh, plus encore.
- Marie bourrée c'était dur à supporter.
- Crois moi, ça l'est toujours autant.
- Bon, c'est facile. Deux gouttes de cyanure devraient suffire.
- Je sais pas. Et si on simulait un déjeuner de réconciliation. Tous les trois. Et on lui ferait avaler des huîtres avariées. Impossible de s'en sortir.
- Jacques, tu es un génie.
- Tu n'es pas mal non plus.
- Comment a-t-on pu laisser ces petits différends avoir raison de notre amitié?
- Tu m'as manqué aussi, tu sais?
- Bon, parlons affaires. On déjeune où?
- Comme d'habitude, Chez Paul. Demain, ça te va?
- Demain, Chez Paul. N'oublie pas Marie.
- Bien sûr. A demain, mon pote.
- A demain, mec.

(Plus ou moins inspiré d'une histoire plus ou moins réelle)

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Good words.