samedi 25 juillet 2009

Toca Raul!

Il y a des choses impossibles à traduire. Aussi bien que vous arriviez à parler une deuxième langue, certaines expressions prendraient tant de temps à être expliquées qu’il vaut mieux même pas essayer.

On ne m’y reprendra plus, depuis la fois où j’assistais à un festival à Paris et que quelqu’un a poussé un cri au milieu du brouhaha ambiant. Une sorte de code-pour-reconnaître-un-Brésilien-dans-un-concert-de-rock-n-importe-où-dans-le-monde. Un « toca Raul » aboyé, presque faux. Mais c’était un véritable « toca Raoul », clairement identifiable.

Comment expliquer à un Français la portée socio-anarco-mistico-ironico-contreculturelle de l’expression ?

- C’est impossible à expliquer.
- Essaie.
- Raul Seixas est un musicien bahianais, un pionnier du rock brésilien.
- Et les gens veulent écouter ses chansons pendant le concert ?
- C’est pas ça.
- Mais pourquoi ils demandent de les jouer alors ?
- Ils ne demandent pas de les jouer. C’est juste qu’ils cirent « toca Raul! ».
- Je comprends pas.
- Je t’avais dit que c’était compliqué.
- Continue.
- Raul Seixas a eu beaucoup de succès dans les années 70, principalement avec les chansons écrites avec Paulo Coelho.
- Paulo Coelho, le magicien que tout le monde adore ici en France ?
- Lui-même.
- J’imagine déjà. De la musique de méditation, d’élévation spirituelle, c’est ça ?
- En fait, ces chansons prônaient surtout l’adoration du mal.
- Du mal ?
- Du malin.
- Hein?
- Le prince des ténèbres.
- Paulo Coelho vénérant les démons? Ca y est, je suis perdu.
- Je t’avais prévenu…
- Laisse-moi essayer de comprendre : les gens demandent des chansons de Raul Seixas, mais ne veulent pas les entendre. Et plusieurs d’entre elles ont été faites avec le diable, mais déifient Paulo Coelho.
- En fait, c’est le contraire.
- C’est pas clair.
- Lui non plus n’était pas clair. Tant est si bien qu’on l’appelait baba-fada.
- Il était fou ?
- Oui. Enfin, non. Bon, peut être. Sais pas. Et le plus bizarre c’est qu’il y a encore une tripotée de fanatiques qui s’habillent exactement comme lui.
- Et donc ce sont des babas-fada qui crient "toca Raul!"?
- Pas toujours.
- Je crois que je comprendrai jamais ce que ça veut dire.
- C’est vraiment compliqué. "Toca Raul!" est une expression très brésilienne. Aussi brésilienne que Gisele Bündchen.
- Gisele Bündchen? Elle est pas Allemande ?
- Oh, ca va, hein !

1 commentaire:

Mauricio Silva a dit…

Ola Daniel, muito bom lembrar do velho maluco-beleza! Passei pra ler o blog... Aquele abraço!