vendredi 18 janvier 2008

Allo Hugo


- Allo?
- Allo.
- Qui est à l’appareil?
- À qui voulez-vous parler?
- C’est Hugo, le Mexicain?
- Non. C’est Daniel, le Brésilien.
- Brésilien?
- Oui, du Brésil.
- C’est pas le Mexicain?
- Non, a priori celui-là vient du Mexique.
- Mais vous parlez espagnol?
- Non.
- Ah ben oui, bien sûr, j’suis bête, vous parlez brésilien, n’est ce pas?
- Non plus.
- Et vous parlez quoi alors?
- Portugais.
- Comme au Portugal?
- Quelle perspicacité!
- Vous êtes sûr que c’est pas du brésilien?
- Que je sache c’est bel et bien du portugais.
- Portugais? Ah, Hugo, tu as presque réussi à me faire marcher cette fois.
- J’ai bien peur que vous vous trompiez, Madame.
- Je reconnaitrais cet accent mexicain entre mille.
- Jacques, Jacques, viens écouter la dernière d’Hugo...

- Allo?
- Allo.
- Hugo?
- Daniel!
- Daniel? Qu'elle est bonne! Ca fait longtemps, hein?
- À tel point qu'on dirait ne s'être jamais parlé.
- Hugo, ton don pour les imitations m'impressionne!
- Certains aspects de cette conversation sont encore plus impressionnants.
- J'ai presque cru que tu parlais brésilien.
- Portugais!
- Attends une seconde, je te passe quelqu'un qui meurt d'envie de te parler. Marie, viens vite, c'est Hugo au téléphone.

- Allo?
- Allo.
- Hugo?
- Moi-même.
- Ça va?
- Pas trop mal.
- Qu'est ce que c'est que cette histoire de Brésil, hein?
- Faut bien rigoler.
- Parle un peu brésilien pour voir.
- "Caipirinha"?
- Bof, pas terrible.
- Non?
- J'ai vu Julio Iglesias à la TV, il roule bien plus les "r" que ça.
- Sauf que Julio Iglesias n'est pas brésilien.
- Hugo, vérifie tes sources. Ecoute ses disques et je suis sûre que tu parleras bientôt brésilien couramment.
- Laisse tomber les disques.
- Bon Hugo, tout le monde t'embrasse et toute la famille te souhaite bonne année.
- En espagnol on dit "Feliz año nuevo"
- Et en brésilien ?
- Aucune idée.
- Bisous de toute façon.
- Bisous. Et "muchas gracias".
- Cet Hugo! alors...

vendredi 4 janvier 2008

Marchandages


- C’est combien?
- Quinze.
- Et pour moi?
- Quinze.
- Mais je viens tous les jours...
- Vous devriez donc savoir que c’est quinze.
- Oui, oui, je sais.
- Alors ?
- C’est que je pensais qu’aujourd’hui vous me ferriez peut-être un petit prix.
- Le prix est indiqué là.
- Avec un écriteau de cette taille, on les voit bien les prix, hein?
- Vous en voulez ou vous en voulez pas?
- Oui, j’en veux, mais il me semble que vous devriez charmer vos clients.
- Je vous raconte une blague si vous voulez.
- Le mec à côté les fait à douze.
- Achetez-les-lui.
- Elles sont pas aussi bonnes.
- Ah ! donc vous comprenez pourquoi je les fais à quinze.
- Et si j’en prends deux d’un coup ?
- Alors ça fait trente.
- C’est pas facile.
- Si c’est facile. Deux fois quinze, trente.
- Vous ne pouvez pas être si exact.
- J’ai une calculatrice si vous voulez vérifier.
- Je sais bien combien font deux fois quinze, il ne s’agit pas de ça.
- Et il s’agit de quoi?
- De “pechinchar”.
- De quoi?
- De marchander, négocier les prix. C’est un véritable sport national au Brésil.
- Ben pas en France.
- J’ai même un copain capable de marchander le prix du bus.
- C’est vrai?
- Il marchande tout et met ses économies dans un petit cochon. Quand il est plein, il le casse et récupère les pièces.
- Et après, il fait quoi?
- Il en achète un autre.
- Vous êtes vraiment bizarres.
- Allez, j’y vais.
- Vous en prenez pas?
- Non, pas aujourd’hui.
- C’est bon, prenez la votre pomme, c’est la maison qui offre. On va pas se fâcher pour quinze centimes.
- Cadeau?
- Cadeau.
- Et si j’en prends deux, vous faites un prix sur la deuxième?