vendredi 20 février 2009

Rendez-vous

Un de ces jours j'ai fait un rêve bizarre. Je buvais un verre de vin place de la République avec une femme que je ne connaissais pas. La conversation était agréable, jusqu'à ce que surgisse un compte à rebours au sommet de mon, disons, écran mental. Il indiquait que le rêve prendrait fin d'ici 5 secondes. Pétard, 5 secondes ? Au meilleur moment de la discussion ? Alors qu'on commençait à s'évanouir en fumée, tel le génie de la lampe, j'eus une idée.

- On se retrouve demain, ici même, à 14h.
- Mais où ?
- A l'angle, en face du KFC.
- Marché conclu !

J'ai jamais fait attention s'il y avait vraiment un KFC à République. J'ai vérifié le lendemain, sur internet, et à ma plus grande surprise il y en avait bien un, exactement à l'un des angles de la place. Inutile de préciser que j'ai passé la matinée à attendre l'heure du rendez-vous. Je suis même arrivé en avance, contrairement à mon habitude.

Le thermomètre indiquait 5 ºC. Fastoche, pour celui qui a déjà affronté - 8ºC. Tant et si bien que je me suis installé à la terrasse, à l'angle en question, un peu admiratif de ma nouvelle insensibilité au froid. C'est alors que je me suis souvenu de mon déguisement d'ours polaire, avec un gros pull en laine et une doudoune. Bon, disons quasi insensibilité.

Je n'étais pas bien sûr qu'elle viendrait. Sans compter que ca n'allait pas être facile de reconnaître un visage que je n'avais vu qu'une fois, en rêve qui plus est.

Une dame s'approche et s'arrête devant la carte. C'était pas elle. Une plus jeune arrive à la suite, écoutant son iPod à fond. On s'est regardé dans les yeux. Un instant j'ai cru que ça pouvait être elle, mais elle ne m'a pas reconnu. Ce n'était pas elle non plus.

J'observe le paysage alentour. Au milieu de la place, la statue construite en hommage au retour de la République en France, après le règne des empereurs. Les arbres sont encore dépouillés. De la fumée sort de la bouche des gens quand ils parlent. Et ils parlent les langues les plus variées. Anglais, italien, espagnol, portugais, langues orientales, slaves et tant d'autres qui sont pour moi du chinois.

J'ai cru la voir sortir d'un café à côté. Mais elle passe devant moi sans même me remarquer. J'en considère une autre, arrêtée exactement où nous en avions convenu. On dirait qu'elle attend quelqu'un. Elle regarde sa montre, impatiente, puis dans ma direction. Je me passe la main dans les cheveux, dissimulant un timide signe. Au même moment, une voiture s'arrête devant elle. Elle monte. Dommage.

C'est une belle journée. Le ciel est presque bleu. Le soleil se reflète dans les vitres des immeubles, révélant une faible lumière oblique. Ca suffit à en faire une agréable journée d'hiver.

Et c'est à cet instant exact que je me rends compte qu'elle est à côté de moi. En fait, elle était déjà là quand je suis arrivé. Je reconnais son visage. C'est celui de tous ceux qui passent par ici. C'est le noir, l'asiatique, le scandinave, le sud-américain, tous. Ce sont les voitures, les bus, les vélibs, les motos. Le KFC et le McDonald à coté des traditionnels cafés et brasseries. La dame qui fume, le monsieur et ses courses, la jeune fille aux lunettes à la mode, la mère et sa fille qui apportent des fleurs à quelqu'un, les adolescents avec leurs guitares, le chien en laisse, le voyageur et ses lourdes valises, le couple enlacé et passionné, les pigeons au milieu des gens, la vieille dame aux cheveux rouges, les mégots encore allumés sur le sol, le jeune père qui pousse une poussette.

Il est 14h30. Je suis là depuis plus d'une demi-heure. Et elle, Paris, depuis bien plus que ça.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Moi je croyais que c'était Edith qui allait débarquer au rendez-vous...!