vendredi 27 mars 2009

Calendrier hivernal

- Fait froid, hein ?
- Le pire est passé.
- Passé par où ?
- Passé. Terminé, c'est fini. Maintenant c'est le printemps.
- Ben ça n'empêche pas qu'il fasse froid.
- Tu n'es jamais content. L'été tu te plains d'avoir chaud et l'hiver de te geler.
- C'est l'air parisien.
- Qui te donne froid ?
- Non, qui me pousse à râler tout le temps.
- Ben au moins la saison est terminée.
- Ca aura été long.
- Ca, c'est sûr.
- J'ai d'ailleurs compté combien de temps dure l'hiver ici.
- Ben, trois mois, comme partout ailleurs.
- Trois mois sur le calendrier mais la sensation polaire dépend d'une région à l'autre. Ou tu crois vraiment que les gens vont à la plage en Antarctique quand c'est l'été ?
- C'est vrai.
- Alors, tu veux savoir ?
- Dis-moi.
- On est d'accord qu'en automne il fait déjà froid ?
- Oui.
- Alors, tu ajoutes automne et hiver. 180 jours de températures glaciales.
- Ok, 180 jours. Mais il reste une demi-année de chaleur.
- Pas du tout. Le printemps arrive et tout le monde continue à porter des vestes. Ajoute 45 jours.
- Continue.
- Et quand il fait gris ? Y a qu'à Paris que le temps est aussi pourri.
- C'est vrai que c'est parfois un peu dur. Ca doit faire dans les 3 mois de grisaille par an, c'est ça ?
- Exactement. 90 jours.
- On en est à 315.
- Et alors un matin, tu te réveilles et tu vois par la fenêtre un soleil à tout casser. De bonne humeur, tu descends en short et en tongs mais là, surprise, à peine sorti de l'immeuble, le froid te gèle jusqu'au pancréas.
- C'est terrible.
- Je ne te le fais pas dire.
- Il est de quel côté, déjà, le pancréas ?
- Aucune idée. A l'intérieur.
- Ok Genius, continue.
- L'année dernière, y en a eu 26 de ces fausses alertes.
- Et tu t'es fait avoir les 26 fois ?
- Non, 25 seulement. La dernière, je m'étais préparé.
- Je crois que si l'hiver a congelé un truc, c'est ton cerveau.
- Tu comptes ou quoi ?
- Oui je compte. On en est à 341.
- Et j'ai pas encore comptabilisé les tempêtes estivales, communes par ici. J'ai lu dans le journal qu'en 2008 y en a eu 22.
- Selon tes calculs ca fait 363 jours de froid. Il reste 2 jours de soleil.
- Pas du tout. T'as oublié les deux fois où il a neigé ?
- T'es trop fort.
- C'est aussi ce que dit ma mère.
- En fin de compte, l'important c'est que l'été arrive.
- C'est vrai. J'en pouvais plus.
- Et tu as prévu quoi pour les vacances ?
- Je pars au Brésil.
- Au Brésil ? mais c'est l'hiver là-bas. Qu'est ce que tu vas y faire ?
- Ben, utiliser tous les pulls que j'ai achetés, bien sûr.

vendredi 20 mars 2009

Saudade

C’est à la fois cliché et irrésistible. Aller au Brésil est synonyme de chronique de voyage. Chronique de périple de voyage peut-être. Chaque détail a un sens différent quand le chemin pris est celui de la maison que vous n'avez pas vue depuis longtemps. De la nièce qui parle plus que le perroquet du voisin. De la ville qui vous est familière mais étrangement différente pour ceux qui n’y sont pas nés. Des parents, frères et sœurs, grands-parents, oncles, cousins, amis, odeurs, goûts, climats, couleurs et sons desquels on est resté éloigné trop longtemps mais qui sont toujours à vos côtés, où que vous soyez.

Pour certains, le Brésilien est trop nostalgique. Ce n’est pas de notre faute si le mot saudade n’existe qu’en portugais – ou brésilien comme ils disent en France. Ce n’est pas comme “tu me manques“. C’est la saudade. Facile à comprendre et difficile à expliquer. Une fois, en cours de français, la prof a demandé à chacun de nous de choisir un mot dans sa langue et de le traduire aux autres. J’ai choisi saudade. Ca n’a pas été facile. J’ai essayé de rendre hommage à la beauté du mot mais nombre de ses sens ont dû m’échapper.

Dans l’avion, je regarde par la fenêtre. Je préfère les vols de jour aux vols nocturnes, bien que ce soit plus difficile de s’y reposer vu que j’adore observer le ciel et le tapis de nuages. Nuages qui changent de forme à mesure qu’on s’approche du Brésil, où ils paraissent moins denses. D’autant plus quand on arrive en plein carnaval, quand tout est plus léger, plus libre et plus joyeux. Le carnaval est peut être le comble de l’identité brésilienne. Si tant est qu’on puisse définir une seule identité dans un pays grand comme l’Europe. Enfin, tel est l’esprit du carnaval, joyeux et décontracté, ce qui me manque le plus de l’autre côté de l’Atlantique.

Je regarde une fois de plus par la fenêtre et ca y est, on commence à survoler le Brésil. Dans mon Ipod, je mets Pavão Mysteriozo, d’Ednardo, mon premier souvenir musical, quand j’avais 2 ou 3 ans. Chanson que je garde pour les occasions très spéciales. Je suis ému. Je le suis toujours quand je rentre mais cette fois-ci est spéciale, sans que je sache bien dire pourquoi. Une fois de plus, on ne peut expliquer la saudade. Peut-être est-ce vraiment compliqué. Ou bien est-ce seulement ça.